NOTA

La tournée que nous indiquons dans les pages ci-après, pour la visite du champ de bataille de l'Ourcq, part de Meaux et y ramène le touriste. Le deuxième volume que nous consacrons à la bataille de la 'Marne "LES MARAIS DE SAINTGOND" reprend le touriste à Meaux et, par la vallée du Grand Morin, Provins, Sézanne, La Fère-Champenoise, le conduit à Châlons-sur-Marne en lui faisant connaître les opérations de l'Armée britannique, des 5e et 9e Armées françaises.

VISITE

du

CHAMP D'OPÉRATIONS

de la

BATAILLE DE L'OURCO

du 5 au 9 septembre 1914

.

DE MEAUX A MARCILLY (28 km)

(Voir carte intercalée entre les p. 82-83).

par CHAUCONIN, NEUFMONTIERS, MONTHYON, PENCHARD, CHAMBRY, BARCY

Départ de Meaux devant la Cathédrale. Descendre la rue Saint-Rémy, passer sous le pont du chemin de fer puis tourner à gauche et prendre la N 3 pendant environ 2 km. Tourner à droite avant une râperie de betteraves et prendre la route plantée de platanes qui conduit à CHAUCONIN (4 km).

MAISONS INCENDIÉES A CHAUCONI

Après avoir jeté un coup d'oeil sur la petite église campagnarde, on fera quelques pas dans le chemin qui apparaît sur la vue ci-dessus. Les maisons qui le bordent conservent encore les traces des incendies de septembre. Les Allemands occupèrent en effet le village le 5 pendant quelques heures, le temps de piller les habitations et d'en brûler une partie au moyen de grenades qu'ils lançaient sur les toits et de bâtons de résine qu'ils plaçaient sous les portes.

Le village traversé, ou aperçoit devant soi les bâtiments et la haute cheminée de la ferme Proffit située à Neufmontiers. Prendre le chemin qui y conduit. Arrivé à hauteur de la ferme, on verra, à droite de la route, des TOMBES FRANÇAISES ET ALLEMANDES dont la vue est donnée ci-dessous.

TOMBES A NEUFMONTIERS

La tombe allemande est à gauche, isolée. Elle est marquée d'une croix noire sur laquelle est peinte la lettre A. A l'arrière plan, on distingue les hauteurs boisées de Penchard, à la conquête desquelles tombèrent les soldats français et marocains enterrés ici.

FERME PROFFIT INCENDIÉE PAR LES ALLEMANDS

En face des tombes est l'entrée de la FERME PROFFIT. La vue ci-dessus montre une partie de la cour. Cette belle exploitation avait été repérée et condamnée d'avance. Les Allémands s'y firent conduire spécialement de Chauconin. Ils pillèrent l'habitation du fermier : on retrouva auprès du coffre-fort une des fausses clefs à l'aide desquelles ils essayèrent de le forcer.

Le feu fut mis ensuite aux étables et aux granges où près de 20.000 bottes de paille formèrent un brasier gigantesque.

AMBULANCE ALLEMANDE DANS L'ÉGLISE

Longeant les murs de la ferme, la route conduit à l'ÉGLISE où les Allemands installèrent une ambulance pendant leur courte occupation du 5 septembre. Les habitants restés dans le village furent réquisitionnés et durent transporter, couchés sur des échelles, les blessés allemands tombés aux alentours,

Le 6 au matin, les Français réoccupèrent Neufmontiers et firent l'ambulance prisonnière (vue ci-dessus).

La photo ci-dessous, prise sur la place de l'église, montre quelques-uns des Allemands capturés, au milieu de soldats français dont certains se sont coiffé de casques à pointe ramassés parmi les trophées rassemblées devant eux.

PRISONNIERS ALLEMANDS DEVANT L'ÉGLISE

Passant entre la ferme Proffit el l'église, la roule descend vers le ruisseau le Rutel qu'elle traverse. A la bifurcation qui suit, prendre à droite. 100 mètres plus loin se trouve le point d'où a été pris le PANORAMA "A" ci-dessous (6 k. 5), lequel embrasse le champ d'action de la journée du 5 septembre. L'avant-garde du IV, corps de réserve allemand avait placé son artillerie à contre-pente des hauteurs de Monthyon et de Penchard; les troupes d'infanterie et les mitrailleuses s'étaient avancées dans la plaine en utilisant pour se retrancher le Rutel et la route de Neufmontiers à Iverny.

A. PANORAMA SUR MONTHYON, PENCHARD, NEUFMONTIERS.

Le premier coup de canon de la bataille de la Marne fut tiré le 5 septembre, à midi, de Monthyon sur une batterie française qui débouchait d'Iverny et tua le capitaine. La lutte fat sanglante pendant cette journée. Les troupes de la 5e, division s'efforcèrent de refouler les Allemands au delà de Monthyon, mais durent s'arrêter dans la plaine sous le feu terrible des mitrailleuses. En même temps la brigade marocaine attaquait les hauteurs de Penchard et les enlevait à la baïonnette, mais elle ne put s'y maintenir et fut repoussée derrière Neufmontiers et Chauconin que les Allemands occupèrent. Cette occupation ne dura que quelques heures car, dans la nuit, les troupes allemandes menacées de débordement plus au nord, par le 7e corps, abandonnèrent leur redoutable position de Monthyon-Penchard et ses avancées de Neufmontiers-Chauconin. Les Français en prirent possession le lendemain matin.

GRANDE TOMBE DE VILLEROY

En continuant la route vers Villeroy, on rencontre à environ 2 km la GRANDE TOMBE dont la vue est donnée ci-dessus. Elle contient les corps de nombreux officiers et soldats tombés dans les champs environnants. A l'extrémité droite de la tombe a été enterré l'écrivain connu Charles Péguy, mort comme il semblait l'avoir rêvé lorsqu'il écrivait ces vers devenus célèbres :

Heureux ceux (lui sont morts dans les grandes batailles
Couchés dessus le sol à la face de Dieu...
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles...
Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre,
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.

A la bifurcation qui se présente après la tombe, prendre à droite vers Iverny. C'est à 200 mètres de ce croisement, dans le champ à gauche de la route, qu'a été tué le lieutenant Péguy, atteint à la tête, debout au milieu de ses soldats du 276e qu'il avait fait coucher. En arrivant à Iverny, tourner à droite vers Monthyon. A l'entrée de ce village, on rencontre auprès de la ferme de l'Hôpital une petite MARE où furent vidés les caissons d'obus abandonnés par les Allemands (vue page suivante).

Ces caissons appartenaient aux trois batteries de 77 qui étaient installées à droite de la route, derrière les bâtiments de la ferme, dans un plissement de terrain. On a vu plus haut que de ces batteries partit la canonnade qui ouvrit la bataille de la Marne. Repérées par les batteries françaises, elles abandonnèrent en toute hâte la position.

MARE OU LES ALLEMANDS JETÈRENT LEURS OBUS

Laisser la mare à droite et suivre la routé qui monte à gauche et entre dans le pittoresque village de Monthyon (15 km).

Malgré la différence des orthographes, c'était le fief patrimonial du célèbre philanthrope baron de Montyon (1733-1820), fondateur de plusieurs prix de vertu et de littérature décernés chaque année en séance solennelle par l'Institut de France.

On a vu que Monthyon, attaqué sans succès le 5 par les Français, fut abandonné le 6 par les Allemands. Le général de Lamaze y établit son quartier général.

A hauteur de l'église, tourner à droite et descendre vers la grande route de Saint-Soupplets à Penchard.

A mi-côte, on remarquera, à gauche, une villa qui domine tout le paysage et d'où l'état-major français eut, pendant ces dures journées de septembre, un observatoire de premier ordre.

La vue ci-dessous, prise du balcon supérieur, montre un coin du vaste panorama qu'on y découvre.

LA PLAINE AU PIED DE MONTHYON

Au bas de la descente, on tourne à droite vers Penchard el l'on suit les rails du chemin de fer sur route.

A 2 km de là, à gauche, une allée plantée d'arbres conduit à la VILLA "AUT0MNE" appartenant à M. Charles Benoist, membre de l'Institut et député de Paris.

Les Allemands y installèrent une ambulance qui recueillit les blessés des premiers combats de Penchard avec les Marocains. Ceux qui succombèrent, dont plusieurs officiers, furent enterrés dans le jardin de la propriété. Les Marocains firent l'ambulance prisonnière lorsqu'ils reprirent possession de Penchard.

La villa avait été saccagée: le trophée le plus apprécié fut la pacifique épée d'académicien du propriétaire.

A l'entrée de Penchard (19 km), prendre à droite jusqu'à la place de la mairie où on laissera la voiture.

Par la rue qui borde à droite la mairie, on gagnera, à 150 mètres de là et en passant devant l'église, la lisière des bois de Penchard d'où est prise la vue de la page suivante. Le touriste qui voudra faire une promenade ou se reposer sous les couverts rencontrera çà et là des tombes, derniers vestiges des combats furieux qui s'y sont livrés.

LA PLAINE AU PIED DE PENCHARD

Penchard fut attaqué une première fois le 5 septembre par la brigade marocaine partie de la ligne Chauconin-Neufmontiers que le touriste a parcourue précédemment. La lutte fut acharnée et particulièrement sanglante à la lisière du bois où se trouve le lecteur ainsi que dans les jardins des maisons voisines. Les Marocains eurent l'avantage dans cette lutte corps à corps et vers midi parvinrent à enlever le village, où ils se maintinrent pendant plusieurs heures sous un bombardement violent. Mais on sait que l'attaque menée pendant ce temps par la 55e division sur Monthyon avait échoué et les Marocains, non soutenus sur leur gauche, durent se replier au delà de Chauconin-Neufmontiers. Le 6, la brigade renouvelant son effort, trouva Penchard évacué et se porta de là sur le village de Chambry vers lequel va maintenant se diriger le touriste.

En abandonnant Penchard, les Allemands avaient laissé dans les bois plusieurs espions dont la mission consistait à signaler aux avions la position des troupes et de l'artillerie françaises.

L'un d'eux fut pris et fusillé le 8 au soir à l'entrée du bois. Il portait le brassard de la Croix-Rouge. On trouva sur lui des fanions et des fusées qu'il utilisait pour ses signaux.

Revenir sur ses pas jusqu'à la bifurcation qui est à l'entrée du village et prendre la route de droite. Aussitôt après se présente un croisement de trois chemins; on suivra celui du milieu qui se dirige vers Chambry.

MONUMENT DES QUATRE-ROUTES

On arrive au MONUMENT dit DES QUATRE- ROUTES parce qu'il est placé au croisement des routes de Barcy à -Meaux et de Penchard à Chambry. Ce monument a été élevé, sur l'ordre du général Gallieni, par les soldats du génie, à la mémoire de l'armée de Paris.

Chaque année, des cérémonies commémoratives ont lieu a Meaux et sur les champs de bataille des environs, en particulier ait monument des Quatre-Routes.

CÉRÉMONIE PATRIOTIQUE A CHAMBRY (Cliché de l'Illustration)

La vue ci-dessus a été prise en septembre 1916. L'évêque d'Arras, Mgr Lobbedey qui, quelques heures auparavant, avait prononcé dans la cathédrale de Meaux, du haut de la chaire de Bossuet, un émouvant sermon, dépose un drapeau tricolore au pied du monument.

Au croisement des Quatre-Routes, le touriste venant de Penchard continue tout droit vers Chambry qui apparaît un peu plus loin dans le fond d'une dépression. (Voir photo ci-dessous.)

Chambry (22 km) est un des points de la droite française ou la lutte fut la plus ardente. Il fut pris et repris pendant les journées des 6, 7, 8 septembre. Bombardé alternativement par les 75 français qui, à Penchard et Monthyon, avaient pris la place des 77 allemands chassés de leur première ligne, puis par l'artillerie légère et lourde que les Allemands avaient en position sur les hauteurs de Varreddes et de Gué-à-Tresmes. Chambry, ainsi que le montre le grand nombre de toitures neuves, a beaucoup souffert.

Les Allemands furent rejetés du rebord ouest de la cuvette dans le village, qu'ils durent abandonner après un violent corps-à-corps dans les rues. Ils se retranchèrent alors sur le flanc est et en particulier dans le cimetière, qu'on aperçoit sur la vue ci-dessous.

CHAMBRY

TOMBE A CHAMBRY

Chassés du cimetière ils se replièrent sur leur position principale visible sur le panorama "B" (p. 94) d'où ils lancèrent des contre-attaques opiniâtres. Les soldats des 45e et 55e divisions disputèrent le terrain pied à pied et en restèrent maîtres finalement, au prix de pertes sanglantes. Zouaves, tirailleurs algériens, fantassins de ligne rivalisèrent d'héroïsme pendant ces terribles journées.

Après être entré dans Chambry, traverser tout droit la place qu'on rencontre, en laissant à gauche la rue principale et monter tout droit.

On contourne ainsi le village par l'est, c'est-à-dire sur la face qui eut à supporter tout l'effort allemand.

Les jardins qui bordent le chemin contiennent plusieurs TOMBES de soldats atteints pendant qu'ils y faisaient le coup de feu et enterrés sur place. La photo ci-dessus représente l'une d'elles. Des tirailleurs algériens sont tombés là, ainsi que l'indique le croissant dessiné sur la stèle placée en tête de la tombe. La cocarde tricolore qui est piquée au-dessous est celle de l'Œuvre du Souvenir.

Dans le talus du chemin, à droite, les troupes françaises avaient établi une tranchée et des abris précaires visibles sur la photo ci-dessous.

ABRIS PENDANT LA BATAILLE

Cette installation de fortune du début de la guerre contraste singulièrement avec les travaux savants que la lutte sur positions fixes a maintenant rendu communs. Elle semble bien n'avoir pu constituer qu'une protection morale contre l'artillerie allemande qui, pendant trois jours, cribla la position d'obus de 77, de 105 et même de 150.

Le chemin que suit le touriste retombe dans la rue principale qu'on a laissée à gauche en entrant dans le village.

Prendre à droite, pour gagner, à 400 mètres delà, le CIMETIERE de Chambry.

Près de l'entrée, à gauche, se trouve une petite chapelle dont les portes ont été criblées de balles. Elle servit d'infirmerie provisoire, mais fut bien vite remplie.

CIMETIÈRE DE CHAMBRY

On a vu précédemment l'importance de la position que les Allemands y avaient organisée dans le cimetière. Au travers des créneaux percés dans les murs, fusils et mitrailleuses dirigeaient un feu violent sur les troupes françaises qui montaient à l'assaut, venant de Chambry et de Barcy. Quand celles-ci eurent emporté le cimetière, elles utilisèrent à leur tour ses défenses. Lorsque le bombardement était trop vif, zouaves et fantassins s'abritaient dans la tranchée creusée à l'extérieur du cimetière et visible sur la photo de la page suivante. Bon nombre de ces braves sont restés dans le cimetière et ont pris la place qui eût suffi pour de longues années aux morts de la paroisse.

Le cimetière de Chambry est devenu un centre de pèlerinage. Chaque année, au mois de septembre, de nombreuses délégations viennent fleurir les petites tombes. La photo ci-dessous a été prise en 1915. Au centre de la foule, agenouillés, se distinguent : au premier plan, appuyé au fil de fer, Mgr Chesnelong, archevêque de Sens; derrière lui, Marbeau, évêque de Meaux. Le lieutenant qu'on aperçoit à gauche est l'abbé Dugoux qui venait de célébrer l'office solennel à la Cathédrale de Meaux.

CÉRÉMONIE PATRIOTIQUE A CHAMBRY (Cliché de l'Illustration)

CIMETIÈRE DE CHAMBRY

En sortant du cimetière, on voit sur le talus de la route, en face, des restes de tranchées creusées par les Français pour se protéger des contre-attaques venant des hauteurs de Varreddes.

Continuant la route, on a bientôt la vision poignante du PLATEAU de Chambry-Barcy tout couvert de tombes. A droite, en particulier, dans les champs que traversèrent les troupes lancées à l'assaut de la hauteur visible sur la photo ci-dessous, on peut reconstituer la progression des lignes sous le feu en suivant du regard les tombes qui se succèdent.

La ligne principale de défense allemande, dans les journées des 7, 8 et 9 septembre, était établie sur une position allant d'Étrépilly à Varreddes, que montre bien le panorama "B" (p. 95). La hauteur que fait ressortir la vue ci-dessous en constituait l'extrémité sud et le point le plus saillant. Des tranchées y avaient été creusées, garnies de mitrailleuses et soutenues par des batteries de 77. On se rend compte de l'énergie qu'il fallut aux troupes françaises pour s'avancer sur ce terrain complètement découvert, sous un feu plongeant. Plusieurs attaques restèrent infructueuses; l'une d'elles atteignit les tranchées, mais les Allemands, qui avaient toutes facilités pour faire arriver les réserves conservées à l'abri sur le versant opposé de la hauteur, rejetèrent les Français sur Chambry.

Le 9 septembre enfin, les Allemands commençant leur mouvement de retraite, zouaves, marocains, fantassins bousculèrent leurs arrière-gardes et descendirent à leur poursuite dans la cuvette de Varreddes.

TOMBES SUR LE PLATEAU DE CHAMBRY

Suivant toujours la même route, le touriste arrive à une bifurcation. Il prendra à gauche vers Barcy el rencontrera bientôt un bouquet de peupliers d'où a été pris le panorama "B" ci-dessous.

Ce PANORAMA montre l'objectif de la droite française pendant les journées des 7, 8 et 9 septembre. C'est la petite crête qui va d'Étrépilly à Varreddes suivie par un chemin bordé par endroits de peupliers. Ce chemin était garni de tranchées et de mitrailleuses qui balayaient sans difficulté le terrain découvert qu'il fallait franchir avant de les aborder. L'artillerie de soutien était au deuxième plan, sur le plateau de Trocy et sur les flancs de la cuvette de Varreddes.

B. PANORAMA DE LA LIGNE ÉTRÉPILLY-VARREDDES.

La 55e division de réserve, la 45e division algérienne et la brigade marocaine se heurtèrent pendant trois jours à cette redoutable position pendant que la 56e division de réserve attaquait Étrépilly et le plateau qui s'étend au nord. La ligne tomba le 9, mais sur toute l'étendue de cette plaine qu'on a appelée "le calvaire des divisions de réserve" gisaient de nombreux corps qui furent enterrés les uns à l'endroit même ou ils étaient tombés, les autres dans des sépultures communes. Ces tombes avec leurs drapeaux qui flottent au vent donnent une véritable grandeur à ce paysage aux molles ondulations.

C'est devant une des tombes communes du plateau qu'a été prise la vue ci-dessous où apparaît le premier ministre anglais, M. Asquith, qui a tenu, lors d'un de ses voyages à Paris, à accomplir le pèlerinage de l'Ourcq.

L'endroit se trouve à droite de la route, près du point d'où a été pris le panorama "B".

En arrivant à Barcy (26 km), le touriste rencontrera l'emplacement du grand monument commémoratif qui doit être élevé par souscription après la guerre. A la bifurcation qui se présente à l'entrée du village, on prendra la route du milieu qui traverse Barcy et conduit à l'église.

C'est sur la petite place s'ouvrant devant le clocher et la mairie qu'est prise la seconde photographie reproduite à la page suivante où l'on voit M. Asquith interrogeant une petite fille du pays venue prendre de l'eau à la fontaine.

M. ASQUITH VISITANT LE CHAMP DE BATAILLE

Derrière la fontaine se trouve le colonel Hankey, secrétaire du Conseil de guerre inter-alliés; à côté de lui l'officier français qui a dirigé et commenté la visite; au centre, M. Asquith; plus à droite, son gendre, et à l'extrême droite, M. O'Bierne, collaborateur de sir Edward Grey.

Le 4 septembre, Barcy était quartier général d'une division allemande. Quelques personnes, dont le frère de l'évêque de Meaux, arrêtées vers Varreddes dans l'auto de Marbeau, avaient été conduites devant le général. En leur annonçant qu'il gardait leur auto, il les chargea d'informer la population de Meaux que le lendemain, à la même heure, ses troupes seraient devant Paris. Mais le lendemain, l'armée Maunoury commençait son attaque de flanc, et le surlendemain 6, au matin, Barcy était enlevé par les troupes françaises débouchant de Monthyon.

M. ASQUITH INTERROGEANTUNE FILLETTE

Barcy servit de point de départ pour les assauts sur Chambry et sur la ligne de défense d'Étrépilly-Varreddes; très souvent aussi de repli défensif. Les combats furent acharnés : le 6 septembre, le 246e eut près de vingt officiers dont le colonel hors de combat; le 289e monta trois fois à l'assaut à la fin de la journée.

Pendant trois jours, le bombardement fut terrible : les batteries d'Étrépilly, de Varreddes, de Guéà-Tresmes arrosèrent le village et ses abords.

ÉGLISE DE BARCY

ÉGLISE DE BARCY

L'église, comme le, montrent les photos de la présente page, a beaucoup souffert. On voit sur celle de la gauche par où est entré le projectile lourd qui décrocha la cloche vue au premier plan de la seconde photo. De nombreuses maisons, comme celles qui se trouvent sur la place de l'église, portent encore des traces de ta canonnade. D'autres, moins profondément atteintes, ont eu leurs ruines réparées. A voir, par exemple, la ferme endormie sous le soleil que montre la vue de la page suivante, on ne se douterait pas qu'elle a connu des jours tragiques. La couverture neuve du bâtiment de gauche rappelle seule qu'elle ne fut pas épargnée par les obus.

FERME A BARCY

Continuant la route par laquelle on est arrivé à l'église, on se dirige sur Marcilly.

On passe, avant de quitter Barcy, devant le cimetière qui a reçu les corps de nombreux officiers et soldats tombés aux environs du village.

Les Allemands entrèrent à Marcilly le soir du 4 septembre et l'abandonnèrent le 6 dans la crainte de la manoeuvre débordante vers le nord du 7e corps.

Le village fut le centre des opérations de la 56e division de réserve. La photo ci-dessous montre le poste de commandement du général de Dartein auprès d'une meule, non loin du village dont on aperçoit l'église à l'arrière-plan.

POSTE DE COMMANDEMENT DU GÉNÉRAL DE DARTEIN A MARCILLY

Le touriste aura l'occasion de voir en détail les objectifs de la division en passant à Champfleury, Poligny, Étrépilly. La lutte fut très violente, le bombardement incessant pendant trois jours.

La route traverse Marcilly, mais on ne dépassera pas l'église qui est très curieuse avec sa grosse tour et son porche rustique (voir page suivante).

A côté se trouve l'école où un sergent de chasseurs à pied, blessé mortellement, eut encore la force d'écrire sur le tableau noir : "Le 23e bataillon de chasseurs à pied, le 350e d'infanterie, le 361e d'infanterie ont battu les Prussiens ici. Vive la France!"

Les quelques habitants restés dans le village conservent également le souvenir d'un des prisonniers amenés à la ferme Pernet qui, sous sa veste déchirée, montrait une chemise de femme garnie de dentelle et de petites faveurs bleues.

De la place de l'église, revenir sur ses pas d'une centaine de mètres et prendre à gauche la route d'Étrépilly. A la sortie du village on rencontre une TOMBE de fantassins, de chasseurs et d'artilleurs que montre la vue de la page suivante.

TOMBES A MARCILLY (en 1917)

ÉGLISE DE MARCILLY

On arrive bientôt en haut de la crête qui domine Marcilly.

En se retournant, le touriste aura une vue étendue sur Barry, Monthyon, Penchard; passant sur l'autre versant, il apercevra ensuite, sur sa gauche, les fermes dominantes de Champfleury et de Nongloire.

La vue ci-dessous a été prise pendant les combats de septembre dans un champ, à droite de la route. On y voit toute une section, qui se croyait à l'abri derrière une meule, détruite par l'explosion d'un obus.

SECTION DÉCIMÉE PAR UN OBUS


 De Marcilly à Étrépilly

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